Tout en allant à ma réunion du soir...
je n'ai pas pu résister à vous faire découvrir un édifice de ma commune...
Le château de Thouars :
Construit à partir du XIIIe siècle et amanégé au cours des siècles suivants, le château de Thouars fut entièrement restauré au XIXe siècle. Au Moyen Âge, Le vaste bois entourant la demeure était un lieu privilégié de chasse particulièrement apprécié des souverains anglais alors présents sur le territoire français. La construction actuelle n'est plus celle de l'époque ; il ne reste que deux des quatre tours primitives.
En raison de la pauvreté des indices archéologiques ou historiques pour l’époque médiévale, l’histoire du château de Thouars, tel que nous le voyons de nos jours, ne commence que vers le milieu du XVIeme siècle, étroitement associée alors à la famille d’Agès.
Cette famille connut les vicissitudes que traversèrent maintes familles bordelaises à l’issue de la Guerre de Cent ans. Bertrand d’Agès, seigneur de Saint-Magne, commandait l’armée qui s’opposa
aux troupes françaises au cours de la « male jornade ». Pris par les Français, il resta quelque temps leur prisonnier après la paix du 12 juin 1451. Libéré, il participa à nouveau à la résistance
bordelaise et fut pris les armes à la main à Castillon le 17 juillet 1453. Il mourut peu de temps après, en captivité à La Rochelle. Ses biens et terres furent confisqués et remis à Jean Bureau,
trésorier de France. Celui-ci les céda à Louis XI qui, en 1462, les restitua à la famille d’Agès. Après un long procès de 32 ans contre la famille d’Albret, les d’Agès purent entrer à nouveau en
possession de leurs biens.
A partir de 1502, la famille va connaître une rapide ascension en la personne de Pierre II. Panetier ordinaire du roi en 1501, il est admis à la Cour puis assume, à partir de 1525, des ambassades
importantes. Il reçoit à Bordeaux la reine Eléonore d’Autriche, épouse de François Ier, et ses fils. Il est sous-maire à Bordeaux à plusieurs reprises. En 1544, des documents conservés aux
Archives départementales de la Gironde révèlent qu’il fit entreprendre l’édification de divers bâtiments sur ses terres de Thouars. Il confie les travaux à deux maçons Guillon de Brey et Jacques
Ardoyn moyennant 9 dols tournois par brasse de muraille, une pipe de froment, une barrique de vin, un pourceau, des fagots et du bois, le logis et un demi-boisseau de fèves. Le chantier occupa
alors 12 ouvriers. En 1557, René d’Agès succède à Pierre II. Toujours en grande faveur à la Cour, il reçoit entre le 3 et le 9 avril 1565, Charles IX et le futur Henri IV. Mais René d’Agès est
inquiété un certain temps en raison de l’aide qu’il apporta aux Protestants. Toutefois ses relations étouffèrent rapidement cette disgrâce. Au XVIIeme siècle, l’histoire de la maison noble de
Thouars est complexe. En 1623, elle est cédée par « adjudication judiciellement faicte aux Requestes du Pallais du Parlement à Bordeaux » à dame Anne d’Olive. Cet acte marqua le début
d’interminables procès. Thouars resta aux héritiers de François d’Agès qui continuèrent à se disputer le domaine. En 1629 « les sieurs d’Ages avaient fait une assemblée dans la maison de Thouars
de 25 à 30 gentilhommes et de 50 à 60 soldats armés de pistolets, arquebuses et mousquets… ». En 1637, un acte décida que le domaine restait indivis. Puis on recommença à plaider pendant près de
50 ans. En 1684, Eleonor d’Ages gagna ce long procès et rendit hommage pour la baronnie de Thouars.
En 1692, la seigneurie fut acquise par Jacques Demons « conseiller du roi en la Cour de Parlement de Bordeaux et commissaire aux requêtes du Palais ». Il meurt en 1720 « dans sa maison, sur les
fossés du Chapeau Rouge ».
Pendant une cinquantaine d’années, les documents font défaut. C’est cependant au cours de cette période que l’on peut situer d’une part des projets d’aménagement du parc : création de boulingrin
dont les dessins sont conservés aux Archives municipales de Bordeaux et décoration d’une fontaine par une statue de Vénus debout sur une coquille et d’autre part, l’édification de la façade nord,
plaquée sur une courtine beaucoup plus ancienne.
En 1771, messire Michel-Joseph de Gourgues, président au Parlement de Bordeaux achète Thouars par contrat. Le domaine est acquis dans les années suivantes par le président Lalanne qui meurt en
1774. Son exécuteur testamentaire est le chevalier Le Comte, captal de La Tresne. M. Ferrus décrit la cérémonie d’hommage que le captal rendit aux jurats bordelais, le 12 juillet 1777. « Il
reconnaît tenir Thouars et ses dépendances, s’étendant sur les paroisses de Talence, Gradignan et Villenave dans les juridictions et comté d’Ornon, sous la redevance d’un épervier volant
d’hommage tous les 29 ans. N’ayant pu se procurer l’épervier, il prie les seigneurs d’accepter, au lieu et place de l’oiseau, une paire de gants brodés. »
Après la mort du marquis de La Tresne en 1782, son héritier « chevalier de Malthe » conserve quelques années le château puis il le cède à M. de Galatheau. Celui-ci le vend en 1788 pour 50 000
livres tournois à M. Tarteiron, membre d’une famille protestante, originaire du Languedoc, qui avait bâti au XVIIIeme siècle une grande fortune dans l’armement. Cette vente entre une famille de
parlementaires et une famille de négociants illustre bien l’appropriation des grands domaines par le négoce avant la Révolution.
Le début de la Révolution fut marqué par un événement typique de cette période : les paysans envahirent le château, s’y livrèrent au pillage et firent un autodafé du lit où Charles IX avait
couché. En 1795 est prtcée à travers le bois de Thouars la première route joignant Talence à Villenave-d’Ornon. En 1822, Jean Tarteiron est inhumé dans sa propriété de Thouars. En 1835, Mme
Tarteiron fit relever les tours du château. Celui-ci devint ensuite la propriété des Balguerie qui firent appel à l’architecte Charles Durand. Les travaux de restauration en firent un château «
mi-gothique, mi-moderne, ce qui constitue un amalgame bizarre » (Aurélien de Sarrau). Puis la marquise du Vivier et Th. d’Ornellas furent les propriétaires suivants. En 1957, la ville de Talence
se porte acquéreur du domaine de 70 hectares et du château pour la somme de 70 millions d’anciens francs. En 1958, elle accorde trois hectares et demi au Comité du logement des Anciens
Combattants et Victimes de Guerre qui y édifie 87 maisons abritant 350 personnes. Talence compta ainsi un nouveau quartier : celui de Thouars.